La SFP mène le combat contre le localisme et pour la défense des jeunes chercheurs au sein d’universités vertueuses et responsables
La Société Française de Psychologie organise tous les ans une journée de préparation aux auditions à l’adresse des jeunes docteurs qualifiés et qui s’apprêtent à candidater aux postes de MCF en psychologie. En organisant une telle journée de préparation, nous voulions envoyer aux candidats le message suivant: préparez-vous car l’université française recrute les meilleurs. Cette démarche est profitable au progrès scientifique, à la valorisation de notre discipline, et plus globalement à la recherche Française. Dans cet objectif, et par exemple, la mobilité de nos étudiants devrait être valorisée lors de procédures « honnêtes » et transparentes de recrutement à des postes académiques.
S’il est difficile – voire questionnable- de s’ingérer dans les procédures de recrutement, il est toutefois possible d’informer notre communauté sur les stratégies de recrutement des opérateurs de recherche et surtout des laboratoires dans lesquels sont rattachés les postes ouverts aux concours. Cette démarche nous apparaît nécessaire car le recours massif au localisme, dans les recrutements figure parmi ces attitudes entachant la possibilité de recruter les candidats présentant les meilleurs profils au regard des enjeux scientifiques, pédagogiques et institutionnels de la psychologie française, dans notre pays mais aussi à l’international. Malheureusement, les faits hélas très nombreux, nous indiquent que le localisme est une pratique encore trop courante en psychologie.
Le localisme, entendre ici le recrutement local et endogame, est un problème. Tel est le constat dressé par Michel Wieviorka et Jacques Moret dans leur rapport remis en mars 2017 au ministre de l’enseignement supérieur. .
Vous y lirez ceci « si le localisme n’est pas plus marqué pour les SHS que pour d’autres disciplines, il concerne en moyenne, selon les statistiques auxquelles nous avons eu accès, environ 20 % des recrutements s’il s’agit des maîtres de conférences, et peut s’élever dans certaines disciplines jusqu’à 50 % pour les professeurs. De tels chiffres marquent une différence significative par rapport aux institutions relevant d’une culture scientifique anglo-saxonne, où l’autorecrutement n’a tout simplement pas sa place. Le localisme demeure un problème…« (p. 55).
Et Wieviorka et Moret de recommander (recommandation n° 5): « la pratique de l’autorecrutement et le localisme devraient être interdits, purement et simplement, par des règles légales fixant les conditions du recrutement« .
En attendant une telle interdiction, qui ne viendra peut-être jamais, l’impunité dont jouissent les acteurs et les défenseurs du localisme donne à la fois de la force à ces pratiques et concourt à la démotivation et au découragement nos jeunes talents. Ils tirent aussi leur force de notre indifférence. C’est la fameuse dilution de la responsabilité.
La SFP engage depuis de nombreuses années des efforts pour aider nos futurs collègues à faire valoir leurs mérites et compétences académiques, nous n’abandonnerons pas ces actions et nous continuerons à soutenir les jeunes chercheurs qui croient en la vertu du travail et du mérite. C’est la raison pour laquelle, La Société Française de Psychologie considère urgent qu’une politique volontariste de lutte contre une pratique excessive des recrutements endogames soit mise en oeuvre.
Les positions de la SFP s’appuient non-seulement sur les convictions qui fondent notre société savante mais aussi sur une volonté politique actuelle plus générale.
Dans une interview écrite accordée à EducPros en mars 2017, Emmanuel Macron disait « la qualité des recrutements fera l’objet d’une évaluation a posteriori et interviendra dans les relations contractuelles entre l’État et l’université. Le processus devra éviter tout risque de localisme et se conformera à la norme académique, qui réprouve le primorecrutement au sein de l’université où l’on a passé son doctorat, et satisfaire au respect des normes internationales de qualité et d’indépendance« .
Autrement dit, cette déclaration laisse augurer que la fréquence des recrutements endogames, dans un établissement public de recherche, pourrait avoir des conséquences sur les budgets de nos universités qui pourraient avoir alors des répercussions sur les dotations des laboratoires.
Des solutions concrètes sont possibles et le Société Française de Psychologie défend les actions suivantes :
1) Défendre la recommandation n° 5 de nos collègues Wieviorka et Moret et plaider auprès de la CP-CNU et des instances ministérielles la nécessité et l’urgence d’interdire le localisme.
2) Exiger que des informations statistiques sur le recrutement local figurent obligatoirement sur chaque fiche de profil de poste consultable sur Galaxie. Il nous semble que deux informations statistiques, loin d’être anodines, doivent y figurer: 1) le taux de recrutement local sur les 10-15 derniers recrutements réalisés par le département de psychologie dont dépend le poste, 2) le taux de recrutement local sur les 5 derniers recrutements réalisés par la discipline dont dépend le profil en question. Il serait vivement souhaitable que ces informations statistiques (objet d’éventuelles manipulations) soient validées par le Conseil d’Administration de l’université.
3) Encourager et défendre les candidats qui utilisent les voies légales de recours pour contester un recrutement endogame. Les instances officielles (e.g., Conseil National des Universités) devraient défendre le bénéfice du doute qui doit profiter aux candidats extérieurs s’estimant être victimes de localisme.
4) Défendre auprès de l’Hcéres l’idée de créer un bonus pour tout docteur issu du labo recruté à l’externe et un malus pour tout recrutement endogame.
Département Recherche
Société Française de Psychologie